BASILIQUE MAJEURE
De cette basilique, M. de Sainte-Marie, chancelier au consulat de France, à Tunis, dans un Essai sur l’histoire religieuse de la Tunisie, s’exprimait ainsi : «Victor de Vita prétend que les corps de Sainte Félicité et de Sainte Perpétue avaient été déposés dans la basilique ad Majorum où ils furent longtemps vénérés. En somme, il reste forcement une grande obscurité sur cette question, et des fouilles ne la dissiperont que difficilement ; car c’est surtout la Carthage chrétienne qui a disparu. D’un côté, les païens pendant les persécutions, ont détruit tout ce qu’ils ont pu du culte chrétien, et, de l’autre, les arabes conquérants ont eu principalement à coeur de démolir, dès leur entrée en Tunisie, tout édifice consacré à Jésus-Christ ». Cependant, grâce à la Divine Providence, a été mis au jour sur le site un édifice identifié comme la basilique Maiorum depuis sa découverte en 1906-1909 par le P. Delattre. L’utilisation comme cimetière païen dès le Ier siècle confirmerait l’hypothèse qu’il s’agit de la basilica maiorum, lieu de sépulture des Saintes Perpétue et Félicité après leur martyre. En fait le P. Delattre y a trouvé la dalle de marbre avec l’inscription funéraire mentionnant la présence des corps des martyrs. Saint Augustin y a prêché plusieurs sermons. L’abandon de ce lieu est avéré au début du VIIe siècle, du fait du rétrécissement du tissu urbain dans son environnement proche.
Les archéologues ont daté sa construction au début du IVe siècle. L’édifice retrouvé se composait de sept nefs et de treize travées ; il a subi quelques transformations sous la domination byzantine. Suite aux diverses fouilles, il ne présente plus aujourd’hui que des fûts de colonnes et la « confession » des martyrs faite à l’occasion du congrès eucharistique national.
Le P. Delattre, lors du congrès eucharistique national, nous raconte : « Depuis la découverte des nombreux fragments qui nous avaient permis de reconstituer l’inscription des martyrs et d’identifier le nom de la Basilique, je désirais vivement rétablir la confession ou petite chapelle souterraine, existant jadis sous l’autel. Les restes que j’en avais découverts et que j’avais pris soin de laisser en place, pour montrer la forme du monument, avaient hélas presqu’entièrement disparu sous la pioche des arabes chercheurs de pierres à bâtir qu’ils vendent fort cher aux entrepreneurs. Nous en avions heureusement conservé le plan. Grâce à la générosité d’une dame américaine, j’ai pu réaliser cette reconstruction tant désirée. Le congrès en fut l’occasion providentielle. Je referais la confession et le comité du Congrès la surmonterait d’un ciborium ».
(inscription des martyrs reconstruite par le P. Delattre )
L’église, on le sait par le texte de Victor de Vita, a été réquisitionnée par les Vandales ariens. Elle a dû être rendue au culte lors de l’arrêt de la persécution sous Hilderic en 523, car l’écriture de l’inscription martyrologique peut être datée du début du VIe siècle. A ce moment, une restitution de l’espace et des reliques, vraisemblablement, a motivé l’affirmation de la présence, en ce lieu, des corps de Perpétue et Félicité. On ne sait si l’église a été occupée sans discontinuer par les ariens, ou si elle avait été rendue aux catholiques sous le règne de Gunthamund. Les épitaphes retrouvées laissent supposer une activité de la basilique jusqu’au début du VIIe siècle. C’est alors que l’éloignement du centre urbain, sur lequel se resserrait la vie, a dû contribuer à l’abandon de cette basilique. On ne sait pas non plus la destinée des reliques des martyrs, mais on sait qu’actuellement au diocèse de Vierzon, en France, une Église dédiée à Sainte Perpétue abriterait ses reliques.
(ruines de la confession des martyrs, basilique Maiorum).
BASILICA MAIORUM UBI SEPULTA SUNT CORPORA
SANCTARUM MARTYRUM PERPETUAE ET FELICITATIS