Les mosaïques de Tabarka
Cette salle contient en effet, une bonne partie de tombes chrétiennes à couvercles revêtues de mosaïques provenant des fouilles exécutées à Tabarka en 1890. De toutes les découvertes en Tunisie rien n’égale Tabarka pour la richesse et la variété des symboles surtout eucharistiques figurant sur les mosaïques funéraires. Parmi les symboles eucharistiques qui reviennent le plus souvent, je citerai en particulier le Poisson, l’Agneau, la Colombe, la Vigne, l’Arbre de Vie. Carthage par contre deviendra la plus riche en symboles eucharistiques par ses lampes chrétiennes[1].
En particulier les sujets représentatifs ici exposés se ramènent à trois types principaux: «1. L’orant entre deux flambeaux allumés; 2. Le calice où se désaltèrent paons et colombes (avec un accent eucharistique marqué); 3. Les animaux divers, oiseaux, agneaux, poissons parmi les fleurs accompagnant parfois le défunt représenté dans l’attitude de la prière»[2]. Ces mosaïques proviennent de deux cimetières peu éloignés de la Basilique de Tabarka.
Un point important à signaler pour le symbolisme, c’est l’équivalence voulue du calice et de l’orant que l’on voit sur les mosaïques funéraires: «Ils ne se trouvent jamais ensemble; ils occupent la même place, au-dessous de l’épitaphe et du chrisme; les colombes se posent sur les épaules de l’un ou sur les bords de l’autre. C’est donc bien le fidèle qui, ici, comme dans beaucoup d’autres exemples représente le vas Christi»[3].
Dans les autres salles chrétiennes on trouve encore une douzaine d’autres mosaïques extraites de divers cimetières, particulièrement de celui de Taparura à Sfax, celui de Leptiminus à Lamta, et celui de Thélepte à Feriana, qui est la patrie de Saint Fulgence de Ruspe. La série que ces pièces forment avec nos tombes de Tabarka conduisent surement du premier âge chrétien jusqu’aux derniers temps de la domination byzantine.
Le baptistère de l’île de Djerba
Au milieu du IIIème siècle, une basilique est construite dans ce qui est alors l’évêché de Girba (Djerba). Deux des évêques de l’île ont laissé leur nom dans l’histoire: Monnulus et Vincent, qui assistent respectivement aux conciles de Carthage de 255 et de 525. Les ruines de leur cathédrale peuvent être identifiées près d’El Kantara (point d’arrivée de la chaussée romaine qui relie l’île avec le continent), dans le Sud-Ouest de Djerba, d’où provient ce beau baptistère cruciforme[4].
De la Blanchère nous dit qu’il s’agit d’un ouvrage fait au moyen de materiaux de remploi: huit pièces de marbre blanc dont quatre se plaçant en croix, les quatres autres se contournant. Il est probable que cet ensemble, avec le blocage qui le complétait, était placé, dans le baptistère d’où il provient, soit au ras du dallage, comme c’est le cas ordinaire, soit avec une saillie semblable à une marche. Dans chacun des quatre grands blocs qui constituent la cuve même, est évidée une descente de trois degrés. L’une de ces branches était fermée à l’aide d’un devant de sarcophage paien faisant fonction de balustrade et répresentant les Trois Grâces et les Quatre Saisons. Il est probable que cette clôture était le lieu où se plaçait l’évêque[5].
[1] Cf. DELATTRE, Louis, Symboles Eucharistiques, Tunis 1930.
[2] Cf. BLANCHERE, R, Tombes en mosaïques de Tabarka, in 8, Paris 1897. pp. 1-18.
[3] Cf. BLANCHERE, R, op.cit. p. 7.
[4] Cf. TOULOTTE, Anatole, Géographie de l’Afrique chrétienne proconsulaire, Paris, 1892, pp. 353 et 380.
[5] Cf. BLANCHERE, R, Collections du musée Alaoui, in 4, Paris 1890, p. 51ss.