SAINTS PAPINIEN ET LEURS COMPAGNONS MARTYRS

Saints Papinien, Hortulan, Florentin, Hubain et leurs compagnons martyrs

A la date du 28 novembre, nous honorons en une seule fête onze évêques d’Afrique, victimes de la persécution vandale. Dans le récit que fait de leur mort Victor de Vite, leurs noms se rencontrent épars et s’ils sont regroupés dans le martyrologe, c’est que, sauf ces deux-là, ils ont souffert à peu près dans le même temps. Ce sont : Papinien (Papinianus) et Mansuetus, Valerian (Valerianus), Hubain (Urbanus), Felix, Hortulan (Hortulanus) et Florentin (Florentianus).

Historiquement parlant, ce sont Papinianus et Mansuetus qui furent martyrisés avec tant d’autres prêtres, soit dans les fureurs de l’invasion vandale soit un peu plus tard, en 437-438, quand Genséric devient persécuteur.

Selon l’histoire, Mansuetus évêque d’Urisi fut brûlé à la porte de Furni. Qu’était cette ville d’Urci, Urici ou d’Urisi ? Il y longtemps on a découvert les ruines d’une ville appelée Urisi à Henchir Boudja ; mais il existait aussi une autre ville de Furni, un peu plus au nord, sur les cours supérieur de l’Oued Kébir. Les vieux commentateurs ont pensé aussi à une porte de Carthage portant le nom Porta Fornitana; d’où partait la route vers Fourna.

Il y eut dans la persécution de Genséric comme des recrudescences de férocité ;  c’est dans une de ces crises que fut frappé Valerianus, un des autres évêques, pasteur de «civitas Abbenza » qui a été retrouvée de nos jours entre Béja et Thibar, à Sidi Zéhili.

Pour avoir refusé de livrer les livres et vases sacrés, Valérianus fut rejeté hors de la ville, avec défense que quiconque le reçoive sous son toit ou dans son champ. Or c’était un vieillard de plus de quatre-vingts ans et on le vit longtemps trainer ses membres demi nus en plein air le long des chemins et sur les places publiques, seul terrain qui ne lui fut pas interdit : «Tel nous l’avons vu, dit Victor de Vite, quand nous fûmes admis, nous indignes, à le saluer ». Combien poignant le sort de ce vieillard dont le cadavre fût peut-être ramassé un matin dans un fossé ou au long d’un mur ! Mais quel fier courage et quel, exemple à faire rougir les lâches trop nombreux qui n’osaient protester ou même se ruaient à l’apostasie !

D’Urbanus (Hubain) nous savons seulement qu’il était évêque de Gibba ou Gilba, en Numidie ; il fut exilé comme Crescens, Eustachius, Cresconius, Crescentianus et pour les mêmes motifs. Ils avaient été accusés d’avoir parlé dans une homélie de Pharaon, de Nabuchodonosor et d’Holopherne et d’avoir ainsi désigné Genséric. Il n’en fallait pas plus : sans être admis à se justifier, ils furent condamnés et porscrits. Pourtant, ils habitaient des pays où l’autorité du roi vandale ne s’exerçait que de façon indirecte, se contentant d’y prélever tribut : Crescent était le métropolitain des 120 évêques de la Mauritanie césarienne ; Eustachius ou Eustratius était évêque de Suffetula, aujourd’hui Sbeïtla et les autres avaient leur siège en Tripolitaine, à Oea et à Sabrata. Le bras de Genséric s’appesantissait jusque-là et l’on voit que sa police était bien faite.

Felix est cité comme évêque d’Hadrumète et son cas était particulier : n’avait-il pas osé recevoir chez lui un moine venu d’outremer ? Quel crime ! Faire venir les catholiques d’ailleurs alors que Genséric déclarait autrefois à ceux de Maxula (Radès) venus pour l’apaiser : « j’ai juré de vous exterminer jusqu’au dernier »

C’est une quarantaine d’années plus tard en 483, que se rencontrent dans l’histoire de la persécution les noms d’Hortulanus et de Florentianus. Le premier était évêque de Bennefa, en Byzacène et le second de Midila, en Numidie. Hunéric avait contraint tous les évêques d’Afrique à se réunir pour un concile à Carthage : le premier février 484, ils s’y trouvèrent au nombre de 466. Le 25, il les chassait de la ville et ordonnait de les dépouiller, eux et leurs églises. Ils ne voulurent pas s’éloigner et on les vit camper en plein air et mendier autour des murailles. Hunéric les fit charger par les cavaliers de son escorte un jour qu’ils s’étaient groupés sur son passage pour implorer justice.

Puis il essaya de surprendre leur bonne foi, on leur montra de sa part un rouleau contenant une formule qu’ils devaient jurer sans la lire. Ils répondirent : « nous sommes chrétiens, nous sommes évêques, nous tenons la foi des apôtres une et vraie » ; et comme on insistait, Hortulanus et Florentianus parlèrent au nom de tous : « sommes-nous donc des bêtes sans raison, pour jurer à la légère et aveuglement sans savoir de quoi il s’agit ? » Furent-ils des quatre-vingts huit évêques qui furent tués dans cette persécution ? Ou de ceux qui furent exilés en Corse ou relégués à l’intérieur du pays, pour y vivre dans une condition servile ? Nous l’ignorons, mais nous les vénérons en tant que martyrs et confesseurs de la foi.

Tous ces évêques furent de la génération héroïque qui supporta les premiers et les plus rudes coups de la persécution, qui usa par patience l’effort sauvage de Genséric et de son fils contre l’Eglise. Ils ont pu dire aussi à la fin de leur vie comme saint Paul : J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi (2 Tim, 4,7).

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