LES RELIQUES DE SAINT LOUIS A CARTHAGE ET A TUNIS

Les reliques de saint Louis Roi étaient-elles vraiment dans le reliquaire de la cathédrale de Carthage ? Quelles reliques ?

Plusieurs fois au long des années j’ai entendu dire qu’il n’y a jamais eu de reliques de saint Louis à Tunis. Cet article démontre le contraire. Les données sont très intéressantes.

D’abord, il faut dire que sur mon livret de la cathédrale de Tunis j’avais publié un article sur le reliquaire de saint Louis. Il s’agit d’un article fait par Jean-Christophe Palthey, spécialiste de l’histoire des ordres de chevalerie et de leurs marques d’honneur (phaléristique). Il vit à Lyon et il est aussi membre de l’ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Lors de sa visite en Tunisie ainsi que par email, nous avons échangés sur plusieurs sujets de son intérêt dont le reliquaire de saint Louis et le chapitre de la cathédrale de Carthage. Il m’a dit par la suite qu’il allait se renseigner davantage sur le reliquaire et les reliques afin d’en publier un article. Or, dans cet article publie en janvier 2017 et que je reproduis sur mon livret avec son autorisation, il affirme :

« L’histoire des reliques qu’il contenait est connue. C’est une partie des viscères de Saint Louis rapportées en Sicile par son frère cadet Charles d’Anjou en 1270, conservées ensuite à l’abbaye de Monreale près de Palerme puis offerte par François II des Deux-Siciles au cardinal Lavigerie[1]. Elles sont vénérées à la cathédrale de Carthage jusqu’au modus vivendi conclu en 1964 entre le Saint-Siège et la République de Tunisie […] La cathédrale Saint-Louis est désaffectée et le reliquaire transféré à l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Tunis. En 1985, Mgr Callens, prélat de Tunis en extrait les reliques et les donne à l’évêché de Saint-Denis. Là, excepté pour un voyage à Saint-Louis du Missouri en août 1999 avec le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, elles sont à peu près oubliées. Enfin, le 16 octobre 2011, en présence d’une délégation de chevaliers de l’ordre du Saint-Sépulcre, elles sont solennellement transférées à la cathédrale Saint-Louis de Versailles, où depuis, elles sont offertes à la vénération des fidèles ».

De ce texte trois données, à mon avis, sont importantes :

  1. « Offerte par François II des Deux-Siciles au cardinal Lavigerie »
  2. « En 1985, Mgr Callens, prélat de Tunis en extrait les reliques et les donne à l’évêché de Saint-Denis ».
  3. « Le 16 octobre 2011, en présence d’une délégation de chevaliers de l’ordre du Saint-Sépulcre, elles sont solennellement transférées à la cathédrale Saint-Louis de Versailles ».

La clé de voute alors c’est Mgr Callens (évêque de Tunis 1965-1990) qui intervient pour envoyer les reliques en France à Saint Denis. C’est-à-dire que lorsque le reliquaire était à la paroisse de Sainte Jeanne d’Arc il contenait encore les reliques du saint Roi. En effet, Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint Denis, raconte : « Quand je suis arrivé dans le diocèse, le responsable de l’art sacré m’a signalé qu’il y avait des reliques de saint Louis dans le coffre-fort de l’évêché et qu’il fallait leur trouver un endroit plus convenable »[2]. C’est ainsi qu’il a eu l’idée d’offrir ces reliques au diocèse de Versailles, diocèse d’origine du saint roi. Un geste qui a surpris Mgr Éric Aumônier, évêque de Versailles : « Je ne m’y attendais pas du tout. Cela me touche beaucoup, confie-t-il. Nous venons de terminer notre synode diocésain, sur la vie baptismale, et saint Louis est un exemple de baptisé vivant sa foi dans ce monde». Le transfert s’est réalisé le 16 octobre 2011. Le diocèse de Versailles, ne possédait en outre qu’un reliquaire vide dans l’église Saint-Louis, voulue par Louis XIV et devenue cathédrale en 1805. Un reliquaire richement décoré qui accueille désormais les reliques de saint Louis.  

Finalement, il est intéressant de lire sur un forum de la basilique de saint Denis à propos des tombeaux des rois, l’historique des reliques (entrailles) de saint Louis on s’arrêtant jusqu’en 1999 mais qui confirme ce que l’on savait. Je transcris la partie qui nous intéresse avec la source.       

« De Tunis à Monreale : Louis IX meurt à Tunis de la peste le 25 août 1270. Son corps est disséqué et bouilli dans du vin pour stopper la décomposition et séparer les chairs.
Les ossements sont rapportés par son fils Philippe III à Saint-Denis. Le frère cadet du défunt, Charles d’Anjou, obtient l’emporter les viscères. Il les confie à l’abbaye bénédictine de Monreale près de Palerme, où ils seront conservés dans une urne de marbre blanc et où ils resteront près de 600 ans.

 Long voyage… et retour à Carthage : Mais en 1861, le roi de Naples et de Sicile, François II de Bourbon Sicile, est chassé de son royaume par les révolutionnaires de Garibaldi. Il quitte Palerme pour Rome où il s’installe au palais Farnèse. Il emporte avec lui les reliques de son ancêtre qui se trouvaient à Monreale. Elles le suivront dans son exil à travers toute l’Europe : à Rome jusqu’en 1870, puis à Munich, en Belgique, en France et en Autriche au château de Staremberg. François II meurt dans le Tyrol autrichien en 1894. L’ancien roi de Naples avait confié les reliques de Saint Louis au cardinal Charles Lavigerie pour qu’elles retournent en Afrique du Nord, sur le lieu même où Saint Louis s’était éteint. Le cardinal fit alors construire un monument reliquaire dans la cathédrale de Carthage (sur la colline de Byrsa) à 11 km au Nord de Tunis. […]

Le régime du protectorat instauré par le traité du Bardo de 1881 prend fin en 1956. Après de longues négociations avec le Saint-Siège, les Pères blancs d’Afrique quittent Carthage en 1965. La cathédrale est alors désaffectée, mais le décor reste en place. Le mardi 28 juillet 1964, les ouvriers descendirent le reliquaire du monument de marbre et le déposèrent dans le chœur. Le 6 août, le père de Saint-Mars transporte le reliquaire à l’église Sainte-Jeanne d’Arc de Tunis.

Le retour des entrailles de Saint Louis en France, à Saint-Denis : En 1985, l’évêque de Tunis, Mgr Callens, fait transférer les entrailles du Roi à l’évêché de Saint-Denis. Dès son arrivée à Saint-Denis, l’insigne relique a été déposée dans une maie servant d’autel dans l’oratoire de l’évêché, parmi d’autres reliques et quelques pièces d’orfèvrerie sacrée.

En fait, il y a deux reliques dans le paquet transféré : les entrailles, mais aussi un petit os du crâne de forme triangulaire (1,9 x 0,9 cm) qui a transité par Dijon en 1875. C’est le cardinal Lavigerie qui les avait regroupées. […] »[3].

 

Je vois aussi dans la photo une écriture en forme d’authentique. Il faudrait vérifier, peut-être s’agit-il de la signature de Lavigerie en authentifiant les reliques ?

En tout cas, les données sont en faveur de la présence des entrailles du saint Roi à Tunis dans le reliquaire de 1890 à 1985 soit 95 ans.

P. SILVIO MORENO, IVE


[1] Ainsi qu’un petit morceau d’os du crâne ayant une autre origine.

[2] La Croix, 17 octobre 2011.

[3] Source : http://saintdenis-tombeaux.forumculture.net/t75-les-entrailles-de-saint-louis

http://paroissestnomchavenay.com/archives_files/111016feuille.pdf. Dans cet article en pdf cette paroisse évoque le transfert de reliques à Versailles en 2011 en se faisant écho du même parcours des reliques de saint Louis.

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