Différence entre archéologie et archéologie chrétienne.
Archéologie: Le terme archéologie vient de deux mots grecs composés: «archae» qui signifie «ancien» et «logos» qui signifie «connaissance»; donc c’est la «connaissance ou étude de l’ancien». L’archéologie est une science qui étudie les civilisations anciennes, en découvrant et en enregistrant des données sur des choses ou éléments du passé.
Archéologie chrétienne: L’archéologie chrétienne, est la science qui étudie les cultures anciennes qui ont été marquées par le christianisme, ainsi que la culture chrétienne elle-même. Les archéologues chrétiens essaient non seulement de découvrir de nouvelles choses du passé, mais encore ils essaient de valider ce que nous savons déjà du passé, tout en nous aidant à mieux comprendre les mœurs et les coutumes des peuples chrétiens[1]. Aujourd’hui l’archéologie chrétienne a fixé ses limites: elle arrête ses investigations au IXème siècle. Dans les nombreux monuments que nous a légués l’antiquité chrétienne, peintures, sculptures, églises, tombeaux, inscriptions, objets de toute sorte, elle recherche ce qui peut nous aider à mieux connaître les hommes et les choses de cette époque reculée. On comprend alors l’intérêt et l’utilité de cette étude. L’histoire peut y trouver des documents inédits, l’apologétique et la théologie de nouveaux arguments.
Mais, nous pouvons bien sûr nous poser la question suivante: la foi d’un archéologue chrétien pèse-t-elle sur les conclusions de ses travaux? Je réponds avec la phrase du pionner de l’archéologie chrétienne, Gian Battista de Rossi: «Archeologum non theologum facio». Cependant le Père Annibale Capalti, professeur à La Sapienza et fait cardinal par Pie IX en 1868, disait à De Rossi : «L’usage maintient une foule de vieux récits auxquels personne ne croit. Vos études vous amèneront à les examiner de près. Si vous les présentez comme vrais, vous passerez, non pour un sot, car cela n’est pas possible, mais pour un homme dépourvu de probité scientifique. Si vous les écartez, il se trouvera des hypocrites pour crier au scandale et des imbéciles pour les croire; de là, pour vous, beaucoup d’ennuis »[2]. Cela pour dire que finalement, l’archéologue chrétien, tout en étant un scientifique aura besoin de puiser aux sources chrétiennes: historiques et spirituelles.
Un exemple d’archéologie chrétienne: la mosaïque dans la fosse aux Lions et la mosaïque de la Basilique de Tabarka.
L’archéologue chrétien cherchera à comprendre, en plus de détails symétriques, topographiques, historiques et épigraphiques, le sens de ces images à l’intérieur de la communauté chrétienne de l’époque, c’est-à-dire sa valeur et sa symbolique, et cela par les sources chrétiennes qui nous sont connues: la Parole de Dieu, les écrits des Pères de l’Eglise, Actes de martyrs, martyrologes, calendriers, liber pontificalis, sacramentaires, itinéraires et recueils épigraphique.
Motivations de notre étude sur l’archéologie chrétienne en Tunisie.
« Nous ne l’avons pas vu ». Une anecdote du cardinale Lavigerie. Au cours d’un voyage en Kabylie, le cardinale Lavigerie s’est présenté en vêtements épiscopaux à l’assemblée d’un douar et, se souvenant d’un Africain fameux, Augustin de Thagaste, il a dit: « Regardez-moi, je suis un évêque chrétien. Les Français descendent en partie des Romains, ainsi que vous, et ils sont chrétiens comme vous l’étiez autrefois. Autrefois, il y avait en Kabylie plus de cinq cents évêques comme moi et ils étaient tous Kabyles, et parmi eux, il y en avait d’illustres et de grands par la science. Et tout votre peuple était chrétien… » Et l’amin lui a répondu au nom de tous: «Ce que vous dites, nous les savons, mais il y a bien longtemps de cela. Nos grands-pères nous l’ont dit, mais nous, nous ne l’avons pas vu».[3] Voilà pourquoi je me propose, à travers ces simples écrits, justement de faire voir et connaître ce qui était l’Afrique chrétienne d’autrefois. Il s’agit de reconnaître une réalité objective que nous ne pouvons pas cacher.
«Nous ne le savons pas»: Malheureusement, il y a aussi pour les gens simples, en général, une certaine méconnaissance, peut-être pas volontaire, de cette partie de l’histoire de la Tunisie. Manque de connaissances aussi des guides des sites archéologiques. Finalement une petite observation personnelle: parfois il faut bien préciser les mots historiques et archéologiques que l’on utilise par rapport au christianisme afin d’éviter les confusions, comme par exemple lorsqu’on cache sous le mot «antiquité tardive» la période chrétienne. Pour les gens simples et les touristes, qui ne connaissent pas la terminologie c’est très ambigüe et je pense qu’il faudrait au moins spécifier, dans l’antiquité tardive, la période chrétienne.
En plus, cette histoire fait partie du patrimoine du pays et de l’humanité. Malgré cela nous constatons le mauvais état des ruines chrétiennes. L’exemple de De Rossi peut nous illuminer encore une fois: il était chrétien, cependant, le 7 juillet 1882, il fait connaître son opposition à la construction du théâtre national de Rome à l’emplacement supposé du temple du Soleil érigé par Aurélien. Nouvelle opposition, énoncée le 3 avril 1883, à propos de l’édification du monument à Victor-Emmanuel II sur les flancs du Capitole, «le point, disait-il, le plus important de la topographie et de l’histoire romaine […] qui appartient à toutes les nations civilisées »[4]. Le christianisme en Tunisie est un patrimoine du peuple tunisien, de l’Église universelle et de toute l’humanité. C’est un devoir de tous de le conserver.
Finalement un acte de remerciement au P. Louis Delattre, père blanc et à tous les Pères Blancs qui ont travaillé sur l’archéologie chrétienne, notamment à Carthage. Des principaux monuments de l’antique Carthage, surtout de la Carthage chrétienne, il n’apparaissait plus rien et on en ignorait même la place. «C’est surtout la Carthage chrétienne qui a disparu», écrivait M. de Sainte-Marie, consul de France, en 1876, dans les Missions catholiques, et il ne donnait dans son travail sur l’histoire religieuse de la Tunisie qu’une seule inscription chrétienne de Carthage. On ne pouvait donc compter que sur les fouilles pour retrouver la trace des monuments chrétiens. C’est ce que comprit si bien le Cardinal Lavigerie. Ayant obtenu, en 1875, du Saint-Siège et du Gouvernement français la garde du sanctuaire de Saint-Louis, il y envoya ses missionnaires, leur recommandant par une lettre spéciale de joindre les recherches archéologiques à l’exercice de la charité, qui devait être tout d’abord leur occupation principale: «veiller sur les trésors cachés qui les entouraient et de travailler à les découvrir ». Dans sa lettre célèbre à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (avril 1881) sur l’utilité d’une mission archéologique à Carthage, le cardinal Lavigerie s’exprimait ainsi : «…L’humble ouvrier de la Providence, tel est aussi le titre que le Père Delattre aimait à se donner, et, il faut l’avouer, la Providence l’a admirablement servi pendant les cinquante-six années d’activité intelligente et inlassable qu’il a consacrées à la résurrection de Carthage. Aussi bien, est-ce à Elle, qu’il faisait remonter l’honneur d’avoir été la première à prouver que « tout n’avait pas péri à Carthage et qu’on pouvait y rencontrer encore de merveilleux monuments ». C’est donc grâce à lui, qu’aujourd’hui Carthage (et en général toute la Tunisie chrétienne) occupe une place importante dans l’histoire de l’archéologie chrétienne, derrière Rome et Constantinople. Elle doit cette place à son passé de capitale régionale de l’Afrique, à la célébrité que lui valent dans l’histoire de l’Eglise, les luttes donatistes et les écrits de Saint Augustin, le culte des martyrs, sa vie liturgique, etc.
Méthode de notre travail:
- Connaissance des recherches archéologiques en Tunisie (investigation sur les archéologues qui y ont travaillés).
- D’après ces recherches il fallait faire la vérification de l’état actuel des ruines.
- Ensuite rechercher sur l’histoire du Christianisme en Afrique du Nord, les écrits chrétiens, la liturgie, les traditions, etc, afin de comprendre, d’illuminer les ruines et les situer dans un contexte historique réel et concret: dans une pierre se cache toujours un morceau d’histoire.
- Etude de la décoration artistique et mobilier liturgique des basiliques.
[1]Cf.http://www.gotquestions.org/Francais/archeologie-foi-chretienne.html#ixzz3I5ocVQUn
[2] Cité in Duchesne, L, “Giovanni Battista De Rossi”, Revue de Paris 5 (1894), p. 720-721.
[3] Cf. DUHAMELET, G, Semailles en Afrique, Paris, 1964, p. 167.
[4] FORO, Philippe, «Giovanni Battista De Rossi, entre archéologie chrétienne et fidélité catholique dans l’Italie de l’Unité », Anabases [En ligne], 9 | 2009, mis en ligne le 01 mars 2012. URL : http://anabases.revues.org/355
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