CATHÉDRALE CATHOLIQUE DE CARTHAGENA
La basilique de Carthagena, située près des ports et du forum (en effet le quartier s’appelait à l’époque «carthagenna») faisait partie du paysage monumental urbain dans lequel ont évolué les chrétiens de Carthage depuis la fin du Ve siècle jusqu’à la conquête arabe. Ce qui rend sa découverte et son étude très intéressantes vient de sa situation intra muros. Les découvertes antérieures sont principalement situées hors les murs.
L’importance de la basilique de Carthagena est capitale pour l’histoire de l’implantation et de la vie des chrétiens de Carthage. Elle permet de suivre les transformations d’un bâtiment à destination religieuse du IVe siècle jusqu’au milieu du VIIe siècle. Ce lieu de réunion chrétienne transformé en église à la fin du Ve siècle fut détruit, ou fermé, et laissé à l’abandon pendant la période vandale. Rebâtie de façon somptueuse à la période byzantine, c’est alors une grande basilique à deux absides, baptistère, salles annexes et chapelle attenante qui permit de chanter les louanges de Dieu jusqu’au milieu du VIIe siècle.
Liliane Ennabli dans son ouvrage « Carthage, une métropole chrétienne… » explique que : « Le vaste édifice majestueux a été reconstruit à l’emplacement d’une église située dans ce quartier central, près des ports et du forum bas, emplacement qui conviendrait tout à fait à la cathédrale catholique : « la Restituta », « dans laquelle les évêques ont toujours eu leur résidence». Cette phrase de Victor de Vita expliquerait les traits caractéristiques du premier monument: salle de réunion dans une maison privée transformée à la fin du IVe siècle en église. On sait que la Restituta a été occupée par Genséric dès le début de l’occupation vandale. Sa reconstruction serait le symbole de la reconquête religieuse qu’exprime la deuxième partie d’une inscription qui a été retrouvée près de l’église : « In hoc signum vincimus ». Par ce signe nous vaincrons ! ».
Historiquement, dit-elle, « la « basilica restituta » est considérée comme la cathédrale catholique de Carthage. En effet, Victor de Vita indique que cette église, qui fut toujours la résidence des évêques, fut aussi réquisitionnée après que l’on en eut expulsé l’évêque et le vénérable clergé. Augustin y a prêché de nombreuses fois entre 401 et 419. Entre 397 et 419, de nombreux conciles s’y sont réunis « in secretario basilicae restitutae ». En 411, la basilique fut aussi le coeur catholique de Carthage où eut lieu la réunion des évêques catholiques lors de la conférence contradictoire avec les donatistes. On ne connait pas l’origine de la dénomination de la cathédrale catholique de Carthage. Il faut noter aussi que le lieu n’est jamais mentionné sous le nom de basilica Sanctae Restituta, ce qui semble exclure le patronage de la Sainte Restituta qui avait souffert à Carthage et qui était morte à Naples. En effet, elle est notée le 17 mai, et elle est honorée à Naples. Il semblerait donc que ce vocable restituta vienne de la restitution de cette église par les donatistes, ou encore d’une reconstruction du monument après destruction par l’action de phénomènes naturels ».
Note sur les cathédrales : l’origine du terme est le mot français cathèdre, issu du grec ancien καθέδρα (kathédra), signifiant siège : la cathédrale est le bâtiment qui abrite le trône de l’Évêque ou trône épiscopal. Dans les églises primitives, le trône de l’évêque, la cathèdre (cathedra en latin) est placée au fond de l’abside, dans l’axe, comme le siège du juge de la basilique romaine, tandis que l’autel s’élève en avant de la tribune, ordinairement sur le tombeau d’un martyr. L’évêque, entouré de son clergé, se trouve ainsi derrière l’autel, isolé et dépourvu de retable et voit donc l’officiant en face. Le siège épiscopal est considéré comme le signe et le symbole de la juridiction des évêques. La cathédrale n’est pas seulement une église dédiée au service du culte, elle conserve, surtout durant les premiers siècles du christianisme, le caractère d’un tribunal sacré, analogue à celui de la basilique romaine. On ne s’y réunit pas seulement pour assister aux offices religieux, on y tient aussi des assemblées de nature juridique.
Source:
Moreno, Silvio. « Carthage Eternelle », FINZI 2013, p. 68-70.
Ennabli, Liliane. « Carthage, une métropole chrétienne du IVe à la fin du VIIe siècle », CNRS Ed. 1997, p. 30 et 70.