Au cours de la campagne de l’UNESCO pour la sauvegarde de Carthage, Liliane Ennabli, a fouillé cet’ endroit. Elle nous explique que : « La maison de Tellus, construite au Ier siècle, a subi au cours des cinq premiers siècles de notre ère différents aménagements. Une inscription sur mosaïque dans une construction à côté de cette maison, à l’aube du Ve siècle nous indique que ce lieu a abrité les restes des sept moines de Gafsa martyrisés sous le règne du roi vandale Hunéric, en 483.
L’inscription dit : « Croix grecque. Locus santorum septe(m)fratrum ic me(moria-ae)Macabeorum ». Des textes nous permettent de reconnaître les sept frères martyrs ensevelis à Carthage. Il s’agit des sept moines dits de Gafsa, martyrisés le 2 juillet 483. Ils sont cités par Victor de Vita dans son histoire sur les persécutions vandales. Comme on a dit plus haut, il s’agit de l’abbé Liberatus, le diacre Boniface, les sous-diacres Servus et Rusticus et les moines Rogatus, Septimus et Maximus. La jeunesse de ce dernier était soulignée par le terme « infantulus ». Ils résidaient à Gafsa (en Byzancène), où ils furent arrêtés.
Les textes les présentent comme sept frères, mais frères non par la nature mais par la grâce, vivant en communauté dans un monastère. Le récit de leur Passion, écrite par Victor de Vita, se termine par ces mots : « au son des hymnes solennels, les bienheureux restes des saints furent enterrés dans le monastère de Bigua contigu à la basilique dite de Celerina ». En effet, les sept moines ont été martyrisés de façon assez atroce et seuls effectivement, des « restes », des dépouilles, ont dû être conservés.
L’inscription qui subsiste indique le lieu de déposition des sept frères, moines à Gafsa. Or l’importance accordée au lieu d’ensevelissement des sept moines vient du fait que nous savions que l’endroit de la déposition de leurs restes était situé dans le bâtiment du monastère de Bigua. Cette indication fiable permet aussi de localiser la basilique dite de Celerina ou des Scillitains.
En faisant référence au souvenir des sept frères Macchabées, là où existait un lieu de vénération des sept moines qualifiés de « frères » sur l’inscription comme dans la passion, on a entretenu de façon volontaire la confusion entre les uns et les autres afin de faciliter l’assimilation. Les moines de Gafsa, en effet, étaient déjà assimilés dans le texte de leur Passion aux Macchabées : « sept en nombre comme les frères Macchabées, eux qu’une même mère, l’Eglise, avait engendrés…, et,…tout de même qu’aucun n’a pu se perdre du nombre sept des bienheureux Macchabées, ainsi le nombre sept de notre congrégation ne souffrira aucun retranchement » (Passion, III, 13).
Le rapprochement de cette découverte avec la fin du texte de la Passion des sept moines, attribué à Victor de Vita, permet donc de considérer qu’un groupe de moines s’installa au Ve siècle dans une partie de l’ancienne maison romaine qui prit alors le nom de monastère de Bigua. Après la fin des persécutions vandales, dans le courant du deuxième quart du VIe siècle, dans une partie de la maison conventuelle, prit place un xenodochium, servant sans doute de lieu d’accueil des pèlerins venus vénérer les reliques des martyrs. En effet ces martyrs étaient le symbole de la résistance; leurs souffrances prouvaient la violence de la répression vandale, répression qui à mon avis a été beaucoup plus cruelle que celle des persécutions romaines ».
Pour y arriver, il faut dépasser le théâtre romain, sur la route qui conduit aux Thermes d’Antonin et à gauche vous trouverez l’entrée au site « Villas Romaines ».
Source: ENNABLI, Liliane. Carthage, une métropole chrétienne…, pp. 91-93.
Photographies: Note sur la topographie chrétienne de Carthage: les mosaïques du monastère de Bigua, Liliane Ennabli.